J’ai dit oui !

Je sais, moi aussi je m’étonne que ce ne soit pas déjà à la une de tous les tabloïds mais, j’ai dit oui ! Je vais me ranger comme on dit, faire le grand saut, me mettre la bague au doigt ou la corde au cou, c’est selon… En clair : je vais me marier ! Pas la peine de frotter vos culs de bouteille, vous m’avez bien lue ! Je vais me ma-ri-er ! Allez raconter ça à la gamine que j’étais il y a 10 ans à peine. Celle qui battait des cils à tout va, brisait des coeurs, puis se mangeait des murs. Allez-y… allez lui dire qu’on m’appellera bientôt Madame ! Je suis certaine qu’elle se marre.

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Je la revois souvent, cette gamine : bonnet A, pattes deph, Converse. “Pas de style” disait ma mère, pas un balle en vérité. Ce soir-là adossée au mur, clope au bec et Vodka fraise pour faire comme si, comme qui ? Difficile de croire que c’est ce qui l’avait séduit lui, comme quoi ! A-t-il su tout de suite que j’étais la bonne ? Il dira que oui. Je pense que non. “Et toi ?”. Moi, je ne savais pas.

Moi, j’étais le genre à aimer ceux qui n’aiment pas, ou qui s’aiment trop. Les hommes à femmes, les durs à cuire, les pièges à cons quoi. Ceux-là… Pas le genre qu’on épouse, ou alors vite et pas longtemps. Un peu comme un mauvais coup. Ce soir là, c’est sans un mot qu’il est parti, et je me souviens avoir pensé : “c’est quoi ce con ?”. Mes premiers mots d’amour !

10 ans, c’est pas rien

10 ans, un chien et 20 kilos plus tard, on en est là, à s’écrire des “achète du pain” et “oublie pas ta mère”. On s’en est pas souvent dit des “je t’aime” et on s’oublie trop dans la routine. C’est vrai. La faute à cette pudeur qui nous a si souvent réuni. N’en reste qu’on en a traversé des épreuves, autant qu’on a gagné des batailles. Tu sais de quoi je parle. 10 ans, c’est pas rien…

Ils seraient fiers nos vieux, s’ils nous voyaient ! Bordel… c’est vrai qu’ils seraient fiers ! Il t’aurait aimé le mien, j’en suis certaine… après quelques verres et autant de “fais pas le con”, un peu comme mes frères. Il aurait aimé ton humour noir et tes rires jaunes, tes “ça va aller” quand c’est la merde. Et puis tes rhums, surtout tes rhums. Vous auriez fait la tournée des bars, et j’aurais sans doute fait la gueule. Il t’aurait dit “allez gamin, reprends un verre” et tu m’aurais dit “c’est pas moi, c’est ton père”. Et puis il aurait aimé que tu me tiennes tête au lieu de t’excuser. Ca oui, il aurait aimé ! Il t’aurait dit “laisse, ça sert à rien, elle va regretter !”. Et comme deux cons, vous vous seriez marrés…

Il t’aurait aimé mon père, au moins autant que moi !

Signé Madame.